Crise de confiance au sein de la démocratie, désenchantement de la politique, désintérêt pour les partis… nos concitoyens restent malgré tout demandeurs d’action publique et restent prêts à s’engager, comme en témoigne la situation actuelle. Avec la massification du numérique, les projets foisonnent. De nombreuses initiatives fleurissent : nouvelles plateformes qui proposent de réinventer la démocratie locale et de s’impliquer davantage dans l’action quotidienne, pétitions en ligne, financement participatif, mobilisation de volontaires, … Le numérique favorise-t-il de nouvelles formes de citoyenneté ?
Tous les ingrédients convergent vers le numérique
La France tend vers l’idéal d’une démocratie adulte. Le niveau de qualification et d’instruction des Français s’est considérablement élevé dans le temps. La révolution numérique offre à chacun (des connectés) l’accès à une masse d’information inimaginable il y a seulement quelques décennies. En 2019, la bibliothèque François Mitterrand offre l’accès à 15 millions d’ouvrage, soit l’équivalent de ce que génère Internet chaque jour. Internet favorise la faculté de s’exprimer librement sur n’importe quel sujet et les délibérations publiques sont à portée de clic…
La défiance est de mise, les actions sont polymorphes
Intox, fake news, … sont les plus fréquentes critiques d’internet. Est-on sur de l’innocuité des vaccins ? Les chiffres du chômage sont-ils fiables ? Le réchauffement climatique est-il réel ? La Terre est-elle plate ?
Cette série de questions illustre la diversité des enjeux pour lesquels la vie démocratique a soif de connaissance étayée. Il en va de la qualité du débat, de la pertinence et de l’efficacité en toute objectivité des décisions qui seront prises par les dirigeants et pour convaincre les connectés (et non connectés) du choix qui a été réalisé en toute connaissance de cause.
Si Internet a longtemps été considéré comme une zone neutre (de non droit ?), il est utile de rappeler que les multiples figures insaisissables de la cybercriminalité sont aujourd’hui recherchées, poursuivies par la communauté elle-même (lanceurs d’alertes, promeneurs du Net, …). Cependant, l’activisme numérique pourrait conduire les citoyens à se détourner des modalités d’action (hors ligne) qui permettrait d’influer le cours des affaires politiques. En 2019, Wistand permet de « payer des personnes physiques pour vous représenter lors de manifestations auxquelles vous ne pouvez pas assister ».
Faire au-delà de ces constats mais comment ?
Il paraît utile de rappeler que la citoyenneté n’est pas seulement un statut mais le résultat d’un processus. La citoyenneté numérique ne pourra pas être réduite à des questions de compétences techniques et collaboratives. En effet, par exemple, il est utile d’explorer la diversité des apprentissages politiques et idéologiques susceptibles de s’opérer au sein des espaces et dispositifs numériques. Seule une approche par le bas de cette citoyenneté permettrait de mettre en perspective des futurs citoyens numériques éclairés.
Si la citoyenneté constitue un lien avec la collectivité où aujourd’hui les citoyens sont appelés à intervenir (bureau de vote, conseil municipal, participation à des instances de travail et de réflexion, …), il convient de se dire que la citoyenneté numérique doit constituer un point de départ et non un aboutissement, sous réserve que cette citoyenneté permette à l’ensemble des concitoyens de maîtriser, comprendre et agir, le tout avec discernement et assurance de la véracité, quand les « trolls » se répandent aussi vite sur la toile que les absents au bureau de vote.
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